Balade aux aurores

Hubert, grand marcheur devant l'Eternel, nous fait partager ses impressions du matin. Laissons nous guider....

– Ce matin de bonne heure je suis dans la forêt, parmi ces arbres noueux, tordus, quelque peu rabougris et qui se redressent comme pour chercher à tout prix la lumière qui leur semble inaccessible au travers de leurs branches.

– Cette forêt si belle au printemps avec ce vert tendre à la naissance des feuilles lorsque les bourgeons les libèrent, puis au vert foncé avec la formation du feuillage.

 – Cette forêt si belle en été avec ses ombrages et ses trous de lumière permettant le passage du soleil.

 – Cette forêt si belle en automne avec ses couleurs chatoyantes, changeantes au fil des jours, mêlant le brun, le roux, l’or et puis ses feuilles mortes crissant sous les pas.

 – Cette forêt si belle en hiver avec ses branches chargées de neige et ses troncs tapissés de blanc d’un côté, comme pour les protéger du froid et du vent.

 

– Je marche au travers de cet espace printanier sur le sentier qui passe tour à tour, de la terre battue, du sol pierreux, rocailleux, encombré de racines, qui monte, qui descend et qui serpente tantôt en lisière de forêt, tantôt en aplomb des rochers.

– J’entends les oiseaux nombreux, le geais sentinelle de la forêt, qui piaye et prévient ses confrères d’une présence insolite, le merle qui siffle à merveille pour attirer la merlette, la mésange qui chante et qui me suit en passant de branche en branche, le pic noir des forêts qui tambourine sur l’arbre mort et que l’on a du mal d’apercevoir, et puis, sans trop se presser, se déplace un chamois parfois seul, parfois accompagné de femelles avec leurs petits.

– Et puis, en levant mon regard, c’est l’écureuil qui saute d’une branche et pour se dissimuler de manière agile monte le long du tronc, à l’opposé, puis passe sa tête de temps en temps pour s’assurer que l’intrus a disparu.

Le Pic noir
La digitale pourpre

– Et puis il y a ces bruits agréables de clapotis, de ruissellements incessants. Cette fois c’est le ruisseau qui coule entre deux rives étroites, qui dévale sur les cailloux, qui se faufile sous les bords, qui creuse et façonne son couloir comme un ruban au sol, et là au travers d’un replat sablonneux une truitelle, telle une flèche, fend l’eau pour se mettre à l’abri d’un quelconque prédateur.

– Je marche dans cet univers boisé, contournant les rochers, traversant les chemins, empruntant des espaces herbeux ou quelques génisses se signalent par le tintement de leurs cloches, parfois même un beuglement causé par la surprise d’un être étranger.

– Et puis dans la feigne, un petit étang, caché dans la verdure ou l’on retrouve quantité de fleurs, d’épilobes, de fougères, de linaigrettes, de nivéoles, de joncs, se dissimule dans les sphaignes comme pour se faire oublier et disparaitre patiemment au cours des siècles.

– Mais déjà le soleil qui monte, éclairant de mieux en mieux les sommets arrondis, les à-pics des rochers, les chaumes recouvertes d’herbes soyeuses parsemées de fleurs aux couleurs multiples ou poussent les gentianes, les genévriers, les bruyères, les myrtilliers, les digitales et ici ou là un sorbier, un alisier aux branchages courbés pour mieux esquiver la force du vent sur les crêtes.

– Et puis la rosée du matin qui s’éponge au soleil de plus en plus haut après avoir abreuvée toutes ces plantes qui ondulent et qui frémissent encore.

– Et puis il faut rentrer et abandonner cette nature si belle, si magnifique mais avec l’envie d’y revenir le plus souvent possible.

Hubert Géhin

4 Responses

  1. Chapeau bas Hubert ! Ce joli texte très poétique nous entraîne sur les sentiers de notre belle montagne en nous faisant (re)découvrir toutes ses richesses. Merci de nous avoir partagé cette agréable balade.

  2. Une rencontre avec la Nature qui nous va si bien pourvu qu’on puisse l’apprécier et la respecter. Ces rencontres avec les éléments accompagnent nos pas là où randonner est bien plus que marcher et se décline en une symbiose avec l’environnement.”
    Cordialement et bien à Tous.
    Dominique 

  3. Merci Hubert pour ce partage, c’est magnifique et romantique. Dame Nature est tellement belle qu’il est impossible de rester indifférent, par les couleurs, les odeurs et des bruits de toutes
    sortes. Nous avons de la chance de pouvoir profiter de tous ces instants, continuons, le cheminement est beau et sans fin.
    Denise.

  4. En lisant avec délectation cette ode lyrique et bucolique à Dame Nature, nous suivons, subjugués et en silence, les pas d’un grand marcheur matinal et solitaire qui trouve sérénité et émerveillement dans sa forêt « merveilleuse ».
    Au fil de cette balade, nous partageons ses découvertes, ses sensations et ses plaisirs devant la beauté des lieux, de la végétation et de la faune indigènes.
    Un grand merci, Hubert, pour ce moment de découvertes insolites et sonores, au grand air des Hautes-Vosges, grâce à ta narration pleine de poésie et de grâce.

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