A propos de Vologne
Ce mois-ci, Jean-Pierre nous parle des origines du mot Vologne.
Depuis La Bresse, la vallée de Vologne est celle qui remonte vers l’est au pont des Champions, puis prend une orientation Nord-Est un peu en aval du Pont de Bramont jusqu’au col des Feignes-sous-Vologne.
Ci-contre la partie aval de la vallée de Vologne orientée ouest-est
D’emblée, évitons la confusion en établissant la différence géo-toponymique entre :
- d’une part la rivière la Vologne, prenant sa source au Jardin d’Altitude du Haut Chitelet, et s’écoulant vers le Nord par les lacs de Retournemer et Longemer, les villages de Xonrupt, Granges/Vologne, puis vers l’ouest par Laval/Vologne, Lépanges/Vologne, Docelles, pour se jeter dans la Moselle à Jarménil à 10 km en amont d’Epinal.
- Et d’autre part la vallée de Vologne où coule le ruisseau de la Moselotte depuis sa source jusque son confluent avec le ruisseau du Chajoux au village de La Bresse.
D’où vient le mot « Vologne » ?
Il faut remonter assez loin dans le temps pour trouver l’origine du mot « Vologne », sur laquelle s’accordent tous les historiens et érudits locaux et régionaux.
En 660, fut créé un monastère au confluent de la Grande et de la Petite Fecht (d’où son appellation de « Monasterium Confluentis ») à l’emplacement de ce qui deviendra plus tard la ville de Munster.
Vers le 10ème siècle, et peut-être même avant, les paysans alsaciens mènent leurs troupeaux de plus en plus haut vers la crête des Vosges qu’ils finissent par franchir pour exploiter les espaces dénudés et clairières forestières du versant lorrain, beaucoup moins pentu que le versant alsacien, et donc plus propice à la pâture des troupeaux de vaches. Ils obtiennent du Chapitre St Pierre de Remiremont, pour le compte des Dames Chanoinesses, la location de ces pâtures. A partir des pentes arrondies du Kastelberg et du Hohneck, ils descendent dans les clairières humides qui prendront plus tard le nom de Chitelet, Feignes de La Lande, Feigne d’Artimont, Machais, et jusque dans la vallée où coule un ruisseau qui deviendra plus tard la Moselotte. Ils y trouvent en quantité une plante laineuse qu’ils nomment « Wohln » ou « Wolle » (= laine en langue alémanique), et qui est la linaigrette.
Au fil du temps, les marcaires alsaciens (de melker = celui qui trait les vaches) s’enhardissent dans les vallées, y construisent des huttes et granges et finissent par y passer l’hiver. Ainsi naissent de façon certaine les hameaux de Winterung (= le lieu de l’hiver) qui deviendra Ventron, de Haussen (= maisons) qui deviendra Xoulces, et de Wolle qui n’est autre que le nom alsacien de La Bresse, du moins pour sa partie occupée par les paysans du Val de Munster. Deux ou trois siècles plus tard, au mois de mai 1285, cette partie du village de « La Bresce » ou « La Brasce » investie par les marcaires du Val St Grégoire, est donnée en fief par le Duc de Lorraine au seigneur Conrad Wernher de Hattstatt, dont le château se trouve à Soultzbach-les-Bains au val de Munster. Cette situation durera trois siècles, jusqu’à ce que le Duc de Lorraine récupère vers 1585 la pleine et entière propriété du domaine de La Bresse y compris la « Haute pâture » des chaumes rachetée aux Chanoinesses de Remiremont.
Depuis cette conquête des chaumes par les marcaires, le nom de Wolle pour La Bresse s’est ancré au fil du temps dans les vallées alsaciennes,. A partir du hameau qui deviendra plus tard Mittlach, le sentier qui mène dans la vallée de la Moselotte en passant par le Kolbenwasen (= le pré des charbonniers), le Leibeltal (= la vallée du « voyage », de « l’expédition »), le col du Rothenbach (de rotten= troupe civile ou militaire et pass = passage, col), s’appelle le « Wollpfad » (= le sentier ou chemin de Wolle). Cette appellation perdurera dans l’usage alsacien jusqu’à la fin du 18ème siècle.
Il semble que seuls les documents alsaciens mentionnent le nom de Wolle. Côté lorrain, les actes « officiels » connus dès le milieu du 13ème siècle ne mentionnent que le nom de la Bresse, écrit « La Bresce », ou « La Brasce ». Le premier document mentionnant le nom de Vologne – sous l’appellation « Coline de Vologne », semble être la carte des Naudin, dressée entre 1728 et 1739. Plus précise, plus exacte aussi, la carte de Cassini, dressée quelque 50 à 60 ans plus tard, désigne la vallée remontant vers la source de la Moselotte sous l’appellation « Coline de Vologne », ce qui correspond d’une part à la partie de La Bresse concédée antérieurement aux seigneurs de Hattstatt, et d’autre part à celle des vallées de La Bresse par laquelle sont arrivés – et probablement se sont installés – les marcaires alsaciens.
Cinquante ans plus tard, le cadastre napoléonien de 1835 mentionnera trois noms de lieux comportant le mot « Vologne » :
- Le Pré Vologne : lieu-dit situé entre la rue du Hohneck et la Moselotte en amont de l’usine des Baraques, où se trouvent actuellement une partie des ateliers de la Menuiserie « les Zelles » et la pisciculture de M. ARNOULD. En 1896, dans un article publié dans les « annales de la Sté d’émulation des Vosges », C.A Fournier y situera péremptoirement l’emplacement d’un hameau d’habitations de la colonie alsacienne.
- Ruisseau de Vologne : qui désigne le cours de la Moselotte depuis Belle Hutte (confluent des ruisseaux des Feignes-sous-Vologne, du Chitelet et de La Lande) jusqu’à son confluent avec le ruisseau du Chajoux en aval du Pont des Champions.
- Les Feignes-sous-Vologne : lieu-dit situé le plus amont de la vallée, formant clairière en aval du col du même nom.
De nos jours, la carte IGN mentionne encore la « vallée de Vologne » et les Feignes-sous-Vologne, rappelant ainsi l’origine alsacienne de cette partie du village de La Bresse.
Vraiment très intéressant. Merci
Merci Jean-Pierre sur cette explication du mot Vologne.
Super intéressant.
Prend bien soin de toi.
Belles pensées.
Denise
Beau travail de recherche Jean Pierre !
Merci et remets toi vite…
Merci Jean-Pierre pour cet historique de la vallée de Vologne.
Très intéressant.
Guéris toi vite .
Amicalement
Gérard