… de la “colline” du Chajoux

Nous continuons notre petite balade virtuelle dans les prés de La Bresse…. cette fois dans la colline (ou vallée) du Chajoux, en patois « dan lai baisse di Chaigeou » .

En s’éloignant du village, et passé le défilé encaissé qu’on dit « des carrières », la vallée du Chajoux s’ouvre au pied du versant nord du Moyenmont, et on y retrouve bon nombre de prés, dont la plus grande partie porte, ici encore, un nom de famille ou un prénom ;

Ainsi de l’aval vers l’amont, on trouvera sur le versant de l’endroit : le Pré Urbain, le Pré Marion, le Pré Parmentier, le Pré Haibé (ou Habert en patois). Curieusement, on trouve davantage de prés sur le versant de l’envers avec, toujours de l’aval vers l’amont : les Prés Gaumés (patronyme Gomel : au moins cinq familles à La Bresse au milieu du 16ème siècle), le Pré Mathias (aujourd’hui entièrement reboisé) , le Pré Blaise, le Pré Remy, le Pré Lehon, le Pré Curien, le Pré Gomel (sans doute un cousin…) le Pré Maqué (du patronyme Macquel, mentionné dans le recensement de 1559), et puis le plus élevé sur la butte de Moyenmont : le Pré Jacquot.

Plusieurs prés désignent aussi des personnes, non par leur patronyme, mais par une caractéristique particulière. Ainsi le Pré Lega (sans doute un officier de justice des ducs de Lorraine), les Prés du Chajoux (en patois le « chaigeou » = celui qui charge (du bois, des cailloux, du foin ?) ou encore le Pré de la Cure (certainement rattaché au presbytère) et le Pré du Courbé (du bossu ? ou du paysan penché sur son champ ?).

On retrouve aussi dans les dénominations des prés une caractéristique soit géographique (le Pré de l’Envers) soit topographique au Pendant Pré (sa forte pente permit d’y construire au milieu des années 60 un tremplin plastique…)

Amusons-nous un peu avec le Pré du Rouan, dont l’origine de dénomination est moins évidente. Les érudits lorrains de la fin du 19ème siècle (Fournier, Haillant) donnent au mot « rouan » le sens de hauteur entre deux dépressions : le Rouan serait alors le Haut Rouan, entre les « creux » de l’Etang de la Cuve et d’Entre-les-Gouttes, et le Pré du Rouan serait le pré situé au pied du Haut Rouan….Sauf que jusqu’à la fin du 16ème siècle, le Haut Rouan s’appelait « Brambach » (voir  carte-perspective de Thierry Alix datée de 1575-1576)…. Dom Calmet (1ère moitié du 18ème siècle), autre érudit s’il en est, donne à « rouan » le sens de confluent entre deux ruisseaux, ce qui convient assez bien à notre pré du Rouan, situé juste au niveau du confluent du ruisseau du Chajoux et de la Goutte du Haut Rouan, ce dernier devenant alors le sommet situé au-dessus du Pré du Rouan…. Notons enfin que le chanoine Hingre dans son dictionnaire patois de La Bresse, donne à « rouan » le sens de « rwau » = ornière ou forte pente…..

On pourra comparer les vues aériennes d’aujourd’hui, (merci Géoportail) avec une vue aérienne de 1935, et constater les changements… bien que parmi les prés qui y sont surlignés, la plupart soient encore fauchés ou pâturés.

Fin de la promenade pour aujourd’hui…. Notre prochaine (et dernière) sortie, nous conduira dans « lai  baisse dé V’logne », la vallée de la ….. Moselotte.

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